LE CHATEAU DES GUILHEM DE CLERMONT
Un peu d’histoire...
AVANT LE CHATEAU
Nous ignorons la date à laquelle apparaît la 1ère construction sur la colline dite de « Puech Castel » où se dressent les ruines du château féodal de Clermont.
Bien que certains auteurs aient pu affirmer que la colline a été occupée dès l’antiquité, voire la protohistoire, les prospections et sondages n’ont rien livré qui soit antérieur au XIIème siècle. Le plus vieil habitat, les archéologues l’ont mis à jour sur la colline de la Ramasse, sous forme d’un oppidum gaulois pouvant être daté du IIIème avant notre ère (mont Elisyque). On note déjà des traces d’échanges commerciaux avec les « Grecs » implantés à Agde (vin et olive). Les Romains vont créer, vers -100, une nouvelle agglomération à « Peyre Plantade » dans la vallée de la Lergue, s’étendant sur les lieux-dits l’Estagnol, la Quintarié, Gorjan... L’habitat du mont Elisyque est abandonné après une brève occupation au Vème siècle.
Quant à Clarmont, le Clermont du Moyen Age, il s’est peu à peu établi sur les pentes de la colline du Puech Castel, au pied du château des Guilhem. D’après les travaux des historiens et archéologues, au XIème siècle, en particulier dans la moyenne vallée de l’Hérault, de nouveaux villages fortifiés (castrum) sont créés ex nihilo sur des sites modérément perchés. Beaucoup de châteaux sont construits par les principales familles de l’aristocratie locale, elles-mêmes branches cadettes de familles vicomtales. C’est effectivement le cas des Guilhem de Clermont, issus des seigneurs des Deux-Vierges, eux-mêmes descendants des anciens vicomtes de Lodève. En plein XIIème s., le castrum de Clermont devient le siège de l’autorité seigneuriale. La ville de Clermont-l’Hérault se développe rapidement au cours des XIIème et XIIIème s. Souligné par le tracé d’anciens remparts, un château fort dressé sur une éminence-colline et son bourg, dessinent la physionomie médiévale de Clermont.
AU MOYEN AGE
L’histoire du château
Le seigneur Bérenger Guilhem, compagnon du comte de Toulouse Raimond IV de Saint-Gilles à la première Croisade, est le fondateur du lignage des Guilhem de Clermont. En 1128, son fils Aimeric de Clermont est le premier seigneur à porter le nom de Clermont. En 1242, à la fin de la Croisade contre les Albigeois, le seigneur Bérenger Guilhem III, soutien du roi de France, est chassé du château par les habitants au cours d’une émeute menée avec l’appui du comte de Toulouse. Le calme revenu, le baron réintègre son fief et supprime les privilèges et libertés communales.
En 1341, une négociation est menée par Raymond, frère du seigneur Béranger Guilhem VI, et les habitants en vue de recouvrer durablement franchises et consulat. Elle est approuvée par 710 pères de famille de la ville, réunis dans l’église Saint-Paul. Ce n’est qu’en 1347, et après de nombreux amendements, que la transaction sera signée par Béranger Guilhem VI et entrera en application.
En 1379, une autre émeute, fomentée par quelques consuls de la ville, éclate. Déodat de Guilhem, seigneur de Clermont, s’enfuit avec sa famille et se réfugie chez les Pères Dominicains. De retour en son logis, le seigneur rendit sentence : 18 émeutiers dont 2 consuls furent pendus.
En 1441, la famille des Guilhem de Clermont s’éteint. Antoinette de Guilhem, sœur de Raymond, seigneur de la ville, épouse de Pons de Caylus, fonde une nouvelle dynastie, celle des Guilhem de Castelnau de Clermont-Lodève.
Les guerres de Religion mettent à rude épreuve le château. Ses défenses sont améliorées : surélévation des remparts (au nord-ouest particulièrement), transformation de certaines tours en vue d’y installer l’artillerie (coupole dans la 3ème tour à l’ouest de l’entrée nord), comblement de la basse-cour sud au niveau de la terrasse supérieure pour renforcer les hauts murs pour parer les tirs de canon. Protestants et catholiques occuperont à plusieurs reprises ville et château qui se font front, en particulier en novembre 1584 et en septembre 1619.
Le dernier seigneur de Clermont de la famille des Guilhem de Castelnau, Constance, meurt en 1715. Sa mère vend château et terres à Guillaume Castanié d’Auriac ; sa nièce, qui a épousé le marquis de Poulpry, lui succède jusqu’à la révolution de 1789. En 1791, elle émigre et ses propriétés sont saisies comme biens nationaux. A la Restauration, elle retrouve son patrimoine jusqu’à la révolution de 1830.
Abandonné par ses propriétaires depuis la fin du XVIIe siècle, le château est réduit à l’état de ruine à la Révolution : il avait été dépouillé des plus beaux éléments (fenêtre du donjon arrachée, cheminée du logis) par Castanié d’Auriac qui avait utilisé les pierres de taille pour d’autres constructions. Au cours de la Révolution et des années qui ont suivi, il a servi de carrière, effaçant la trace de la plupart des bâtiments.
APRES LA REVOLUTION
En 1870, l’abbé Saumade, curé-doyen de Clermont, achète le château et fait entreprendre des travaux de consolidations jusqu'en 1880. En 1884, il crée un lieu de promenade pour les sœurs bénédictines du couvent ND de Gorjan et les vieux prêtres. Des salles furent comblées avec les décombres. En 1902, la création de la Société Civile Immobilière permet d'acheter les biens d'église (dont le château) avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat (devenue l'A.I.C. Association Immobilière Clermontaise).
En 1927 le château est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, ce qui ne l’empêchera pas d’être la proie de l’abandon et du vandalisme. En 1965, l’Association Immobilière Clermontaise, propriétaire des lieux, cède le château à la commune de Clermont l’Hérault par bail emphytéotique pour une durée de 60 ans (jusqu'en 2025). En 2005-2006, la commune entreprend des travaux de consolidation partielle et de mise en sécurité du site permettant son ouverture au public. Cette première phase de travaux devait être suivie d’études, de fouilles, de restaurations pour la mise en valeur du château féodal de Clermont. Depuis ces travaux, le château a été abandonné et fermé à plusieurs reprises pour des questions de sécurité.
LE RENOUVEAU
Ce n'est qu'en 2021 que la nouvelle municipalité décide d'acheter le château à l'A.I.C. Elle en devient donc la propriétaire et entreprend de grands travaux de confortation des remparts pendant qu'une association « Cité des Guilhem » créée en janvier 2022 remet en état la salle d'armes, les nombreuses terrasses et commence la création d'un jardin méditerranéen. Installation de l'eau et de l'électricité et éclairage des remparts. En 2023, de nouvelles fouilles sont entreprises par l'INRAP près de la tour principale, la tour Guilhem.
Entre 2022 et 2025, 3 terrasses ont été débroussaillées, les murs remontés en pierre sèche et plus de 700 plantes et arbustes plantés et entretenus par cette association riche d'une centaine de bénévoles.
ARCHITECTURE DU CHATEAU
Le château des Guilhem est un exemple remarquable d’architecture royale militaire capétienne du XIIIème siècle (modèle philippien).
Les archères sont en forme de fente mince et simple, ébrasées de l’intérieur. On ne voit aucune arbalétrière. Les tours sont assez rapprochées, entre 16 et 24 m en rapport avec la portée des armes de l’époque.
Les remparts du château dont le crénelage a disparu dès la révolution comptent 8 tours semi-cylindriques, 2 portes, une au nord avec une herse, une au sud moins bien défendue car elle donnait sur la ville, et une poterne au sud-ouest.
Le donjon cylindrique construit sur un massif carré est plutôt une simple tour de guet. Son entrée se situe au niveau du 1er étage. Chacun de ses deux étages renferme une pièce rectangulaire très étroite. Il ne devait pas dépasser une quinzaine de mètres de hauteur, crénelage compris.
Quelques mètres à l’est de cette tour, en sous-sol, s’ouvre une salle voûtée en berceau de 12m sur 4m, sous-bassement de l’extension de la terrasse haute du château au XVe siècle. Gaston Combarnous l’a baptisé « salle de la légende », en référence à un poème populaire de Louis André. Au sud-est, la citerne est une belle salle voûtée plein cintre de 7m sur 4m du XIIème siècle.
Au sud-ouest, contre le rempart, en sous-sol s’ouvre une autre salle voûtée en berceau de 15m sur 5m, à laquelle on accède soit par la poterne, soit par un grand escalier du XVIIème s., dite salle d’armes, qui devait également servir d’entrepôt.
La chapelle du château, le logis renaissance du seigneur et l’hôtel de son lieutenant, la prison, les communs et bâtiments annexes (écuries etc.) ont disparus. On ignore leur emplacement.
La grande enceinte du bourg date du milieu du XIIIème s. Elle est reliée aux remparts du château au niveau des tours dites « de la Brèche » et « Bourguine ». En 1275 débute la construction de l’église Saint-Paul. Deux murs parallèles reliront cette église (elle-même fortifiée au XVIe siècle), à cette enceinte. Celle-ci est pourvue de 8 tours avec portes donnant sur les faubourgs et l’église (portes St Paul, de Rougas et de la Frégère). L’ensemble fortifié comporte alors 1300 m de remparts et 16 tours dont subsistent encore quelques vestiges en ville (tour Bassolhe, portail Naou).
Texte d’après Paul Taurand (G.R.E.C., 2001). Actualisé (Cité des Guilhem/G.R.E.C.)
QUELQUES CHIFFRES
CHATEAU FEODAL DE CLERMONT L'HERAULT
Construction : entre 12ème et 13ème siècles puis 15ème-16ème siècles
9 Tours
Guilhem (tour donjon ou tour de guet)
- Bourguine
- Aymeri
- Marie
- Cardinal
- Béranger
- Tristan
- La Brèche 13m de hauteur (liaison avec les remparts de la ville
- L'Emeute
3 portes :
- Nord (pont levis et douves)
- Sud (porte de Clermont)
- Ouest (Tour de la Brèche – accès aux remparts)
2 salles :
- salle d'armes
- salle de la Légende
1 citerne : 7m de long et 4m de hauteur
Une chapelle et une prison (disparus)
Des remparts : château et ville 1300 mètres
- enceinte de la ville (milieu du 13ème siècle)
Une église fortifiée (complétant la défense de la ville et du château)
L'ASSOCIATION CITÉ DES GUILHEM
L'association Cité des Guilhem a été créée en janvier 2022 par Vincent Morel, président, et Annie Audran vice-présidente. Elle réunit des bénévoles souhaitant s'impliquer dans l'animation et la valorisation du patrimoine Clermontais. Celui-ci comprend le patrimoine bâti, naturel et culturel.
Plusieurs types d'événements sont organisés par les bénévoles pour réunir le public intéressé. Ils s'articulent autour de projets sous différentes formes et en différents lieux : Expositions, rencontres, visites, conférences, concerts, ateliers…
Concrètement, l'association peut mener des actions de valorisation comme le débroussaillage, le remontage de murs en pierre sèche et l'aménagement d'éléments du patrimoine avec l’encadrement de spécialistes et les recommandations de la DRAC.
Elle coopère avec d'autres associations par exemple pour favoriser le développement et la protection de la faune et la flore, pour organiser des animations culturelles et faire revivre les traditions.
Actuellement, les projets en cours sont :
- La réalisation d'un jardin méditerranéen sous le château
- L'aménagement de la salle des gardes du château
L'organisation d’événements récurrents :
- Chasse aux œufs à Pâques
- Médiévales
- Cinéma en plein air
- Festival de jazz
- Sorties de l'animal totémique, le cheval Bayard
D'autre projets peuvent voir le jour sur proposition des bénévoles. En prenant la responsabilité de ces nouveaux projets, ces derniers participent à la valorisation de notre cité vieille de neuf siècles en mettant à profit leur temps et leurs connaissances.
En janvier 2023, Cité des Guilhem, forte de ses 140 adhérents, a reçu avec fierté la médaille de la ville de Clermont l'Hérault pour les actions menées depuis sa récente création.
L'association fonctionne avec des commissions, chacune gérée par un bénévole qui est en charge de l'organiser et de la dynamiser tout en rendant compte au conseil d'administration. Depuis 2022, 6 commissions ont été créées et travaillent en autonomie responsable :
- les chantiers murs en pierre sèche
- les jardins et les ateliers créatifs
- l'intendance
- les costumes médiévaux
- l’événementiel
- le cheval Bayard (animal totémique de la ville)
Les chantiers ont lieu tous les samedis matin au château de 9H à 12H et sont suivis d'un repas convivial sur place préparé par la commission intendance.
LE JARDIN MÉDITERRANÉEN
Dès la création de l'association Cité des Guilhem, le premier travail a été de débroussailler l'entrée de la salle d'armes afin de procéder à son dégagement. C'était le 21 novembre 2021 avec 7 bénévoles. Ensuite est apparue la première terrasse sous la tour de la brèche, les débroussailleurs ont continué leur travail et les murs écroulés ont interpellé un tailleur de pierre présent qui a proposé de les remonter, il a formé pendant quelques mois des bénévoles qui par la suite ont encadré des débutants volontaires. Dès la première terrasse dégagée, une équipe de jardiniers et jardinières a démarré les premières plantations au printemps 2022.
2022 - Une première zone a été attribuée aux plantes aromatiques et médicinales, sur la lice (première terrasse sous le rempart Sud) à l'Est.
2023 - Ensuite, une rocaille avec des plantes vivaces a été installée sur la lice à l'ouest.
2023-2024 - Plus bas sur la première terrasse (T1) les cactées et les succulentes ont couvert le mur supportant la lice et un mélange d'arbustes et de plantes méditerranéennes ont pris place en bordure de la terrasse
2025 – Quelques rosiers ont pris place sur la deuxième terrasse (T2). Une zone a été attribuée aux plantes tinctoriales qui font l'objet d'une recherche, quelques spécimens y ont déjà pris place.
Entre chacune de ces plantations, toute une équipe de muraillers a travaillé samedi après samedi à remonter les murs des terrasses, à dégager des escaliers croulants sous les ronces et à relier ainsi les terrasses entre elles pour proposer au public un cheminement. Bien sûr le travail des jardiniers n'a jamais cessé : débroussaillage, plantations, arrosage, taille, assurant également un arrosage une fois par semaine en été afin de sauver les plantations de l'année.
L'arrosage est effectué chaque semaine grâce à l'eau de la ville qui est acheminée par des tuyaux mobiles. Une citerne existante sur la première terrasse (T1) a été nettoyée entièrement et assure désormais son rôle, recueillir et fournir de l'eau pour les terrasses plus basses.
Toutes les plantations ont été recouvertes de paillis naturel afin de garder l'humidité et d'éviter les mauvaises herbes. Un lieu pour le compostage a été aménagé au pied d'une terrasse avec un tobogan au-dessus pour y stocker les déchets verts.
Par la suite, il est prévu d'aménager les terrasses T3,T4 et T5 et d'y planter des agrumes et des arbres fruitiers méditerranéens.
Chaque plante, arbre ou arbuste a été répertorié sur un catalogue en précisant sa catégorie, son nom, son emplacement, sa date de plantation, sa famille, sa couleur éventuellement. Une plaque avec le nom est apposée près de la plante à destination du public.
Les plantes aromatiques sont récoltées chaque année, séchées, conditionnées sous différentes formes (sachets, fuseaux, pochettes...) et vendues au public, cet argent est réinvesti dans l'achat d'autres plantes. Ces travaux se font pendant les chantiers du samedi ou bien l'été pendant les soirées d'arrosage.